La Gazette du Congrès de la fédération du commerce (19 au 23 mars 2018)

Jour 2 : " Il faut exclure ceux qui ne sont pas d’accord !"
 
Le deuxième jour de congrès a été marqué par la virulence extrême contre « ceux qui ne sont pas d’accord avec la fédé», certains se permettant même de demander… leur exclusion. Les mêmes, sans doute, qui ont soutenu que le congrès devait avoir lieu, car c’était un grand moment de débat démocratique.
 
« Où ils sont l’US Paris ? On les a pas vu ! », fanfaronne un délégué, ignorant, sans doute que l’US Paris a été exclue du congrès par la direction fédérale sortante, qui a refusé de convoquer les délégués.
 
« Le camarade de Mac do n’a pas travaillé depuis longtemps, il ne sait pas qu’à Mac Do, on est à temps partiel », ironise à son tour un délégué -de chez Mac Do aussi), reprochant sans doute au camarade qui était intervenu le matin d’être au chômage (et pas d’accord avec la direction sortante, surtout). « C’est pour ça que nous, on n’est pas pour la revendication d’un salaire minimum à 13 ou 14 €. Nous, on est pour que tout le monde passe à temps plein ». 
 
Et nous, on a toujours pas compris en quoi c’était contradictoire. Puis l’intervenant a fait applaudir à plusieurs reprises Amel Ketfi, grâce au travail de laquelle d’excellentes perspectives s’offrent à la branche de la restauration rapide. Petit souci, sur le dernier cycle (2012-2017), la CGT est passée dans la resto rapide de 29,21% à 23,65%. Un brillant résultat, en effet.
 
Mais bon, il faut bien fayoter pour obtenir des détachements. 
 
« Il faut exclure les syndicats qui ne sont pas d’accord avec la fédération » clame une ardente partisane de la démocratie qui nous vient de Rennes, relayée par l’ineffable Ratiba Hamache, qui elle nous vient de Lyon. Mais la première pique nous venait de chez… Disney ! Oh surprise. Chez Disney, c’est plus grave d’être opposant que de détourner l’argent du CE.
 
Le grand moment : Amel Ketfi. « Alors, la question se pose aujourd’hui, évidemment oui : jusqu’à quelle limite le délégué syndical peut prendre la liberté d’engager toute l’organisation sous prétexte qu’il aurait concerté les bases ? Alors, demain, si quelqu’un veut aller signer un accord sur le travail du dimanche et bien parce qu’il aura été demander la consultation à tous les syndiqués, il va valider, il va signer et on va cautionner ça ? 
 
On ne peut pas cautionner tout. » Amel a bien raison. Dommage qu’elle ait laissé la CGT Vivarte signer un accord sur les dimanches sans rien dire. Dommage qu’elle n’ait pas lu l’accord GALERIES LAFAYETTE. Elle aurait dit moins de bêtises. Les Galeries n’ont besoin de personne pour vendre des magasins. La CGT leur a imposé de respecter les droits élémentaires des salariés. Ce n’est pas la révolution. Ce n’est pas un scandale non plus, ni contraire à nos résolutions, contrairement au travail du dimanche.
 
Rapport d’activité ou séance poudre de perlimpinpin ?
 
Que diriez-vous si, dans votre entreprise, la CGT passait de 25,79% des voix à 22,46 % ? Que vous avez gagné ou que vous devez analyser les raisons de ce recul pour regagner une représentativité plus forte ?
 
Que penseriez-vous si, sur deux branches professionnelles, vous perdiez d’une élection à l’autre près de 30.000 voix sur 52.000 ? Que vous avez gagné ? Que vous avez mené une campagne exemplaire ?
 
Que diriez-vous si vous saviez que sur ces deux mêmes branches, votre fédération touche plus d’un million d’euros annuels au titre du paritarisme ? Qu’il faut engager une réflexion approfondie ou continuer comme ça ?
 
Voici, pourtant, ce qui est indiqué dans le rapport d’activité présenté par la fédération du commerceà ses congressistes le 20 mars 2018 : 
 
« La CGT obtient des scores particulièrement élevés dans les branches comme les hôtels cafés restaurants, l’emploi direct par des particuliers et les concierges et gardiens d’immeuble ».
Voici, maintenant, les vrais chiffres, officiels, et vérifiables en ligne :
 
Toutes branches confondues, notre fédération perd sur le cycle électoral 3,33 points de représentativité, passant de 25,79% à 22,46%. Notre avance sur la CFDT est passée de 4 points en 2012 à… 0,78 points en 2017. 
 
Voici, à nouveau, le rapport d’activité :
 
« La fédération se réjouit de ce résultat qui est le fruit d’une campagne électorale sans précédent ». « En alliant proximité et connaissances des branches professionnelles, la campagne fédérale s’est avérée pertinente ».
 
20 ans que nous attendions ça, comme l’a dit un délégué. Que nous attendions quoi ? De reculer en voix et en adhérents ? Nous, on aurait préféré attendre encore un peu.
 
« Rapport » financier : une fédé en or !
 
Voici le « rapport financier » que la fédération du commerce a soumis aux délégués de son 15ème congrès (19 au 23 mars 2018). 
 
Jour 2 : " Il faut exclure ceux qui ne sont pas d’accord !"
15 lignes de dépenses, 5 lignes de recettes : voilà, en tout et pour tout, ce qui a servi aux 264 congressistes pour se prononcer sur la gestion de plus de 15.500.000€ de ressources.
 
Disons que c’est un peu… léger !
 
Nous ne manquerons pas, toutefois, de noter quelques informations intéressantes :
 
Les cotisations ne représentent, en 2016, que 18,87% des ressources. La moyenne des fédérations de la CGT se situe à environ 53%. Cette donnée est essentielle : elle donne une idée de notre indépendance financière. Surtout, elle permet d’indiquer la capacité, pour l’adhérent, à peser sur les choix politiques de la fédération.
 
Le paritarisme représente la même année 53,87% des ressources. Plus de la moitié de nos ressources nous viennent donc… des patrons ! Bien sûr, nous répondra-t-on, cela ne veut pas dire que les patrons nous demandent des contreparties. Mais cela nous donne un autre angle pour apprécier notre indépendance. A la fédé, on est des révolutionnaires intransigeants. Financés par les patrons.
 
La formation professionnelle a (vraiment) beaucoup augmenté ! 23% en 3 ans, ce n’est pas rien. Que s’est-il donc passé ? 14,76% de nos ressources viennent de l’Etat, 53,87% du paritarisme… Ce sont au moins 68,63% de nos ressources qui nous viennent de nos adversaires. Un peu ennuyeux, vous ne trouvez pas ? Mais non ! Nous sommes des révolutionnaires. Intransigeants.
 
En moyenne, près d’1.200.000€ annuels sont dépensés en actions, initiatives et campagnes.Lesquelles ? 3.600.000€ dépensés en 3 ans, cela devrait se voir ! Eh bien non, ça ne se voit pas.
 
La fédération a réalisé près de 2.000.000€ d’excédents en 3 exercices. La fédé, c’est 12,60% de rendement annuel. Une affaire en or, on vous dit ! Bernard Arnault serait sur les rangs.
 
Pas de bilanprésenté aux congressistes, ni même un état des réserves. Ben quoi ? Où est le problème ? On a toujours fait comme ça !
 
Coût de la journée : 130.000€, selon les chiffres présentés par la fédération au tribunal. Mais Elisabeth Chartier, administratrice sortante, a annoncé aux délégués que le congrès a coûté 500.000€, alors que devant le tribunal, le 5 mars 2018, il en avait coûté 640.000. Mais bon, hein, on n’en est pas à 140.000€ près.
 
Et comme dirait l’autre, on a toujours fait comme ça.
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